Formateur indépendant : l’envers du décor

Spoiler : Tu risques d’être surprise par ce qui va suivre mais au moins, tu auras tous les éléments en main pour faire tes propres choix.

Après plusieurs semaines de réflexion, j’ai décidé d’arrêter mon activité de formatrice indépendante pour redevenir une infopreneure libre !

Depuis que j’ai passé mon audit de surveillance Qualiopi, j’étais perturbée et je n’avais plus le sentiment d’être alignée avec certains aspects de la formation professionnelle.

Dans cet article, je vais te détailler tous les points qui m’ont poussé à prendre ma décision.

Le CPF et sa mauvaise image 

Lorsque je suis devenue formatrice indépendante en 2019, c’était avant tout pour professionnaliser mon activité.

Créer un organisme de formation reconnu par l’Etat et suivre un certain formalisme, ça fait quand même plus sérieux, autant pour nos prospects et clients que pour nous. 

Fin 2020, l’application CPF a été lancée. D’une part, il est devenu très facile de s’y faire référencer à partir du moment où l’on était datadocké, et d’autre part, on a vu les organismes de formations pilluler avec pour seul objectif d’entrer au catalogue CPF.

Parmi ces nombreux organismes, certains d’entre eux ont utilisé des pratiques pas très éthiques pour maximiser leurs profits.

En 2022, la Caisse des Dépôts, qui gère le Compte Professionnel de Formation, a entrepris un grand nettoyage pour déréférencer tous ces organismes qui ont profité du système.

Bien entendu, étant donné que les règles de référencement ont été durcies, les petits organismes honnêtes ont également fait les frais de ce nettoyage mais l’image des organismes de formation en est ternie.

Par ailleurs, étant donné que le catalogue CPF tend vers la publication de formations certifiantes uniquement, un bon nombre de formateurs indépendants risquent de ne pas aller au bout de la démarche, qui s’avère coûteuse et énergivore.

Fliquer ses apprenants

Bénéficier d’une prise en charge financière implique forcément une contrepartie. Celle-ci consiste en le respect d’un certain process par l’organisme de formation et, l’assiduité du stagiaire. Le respect de cette assiduité fait partie des indicateurs à respecter dans le cadre du référentiel qualité Qualiopi.

Même si la majorité des élèves saisissent l’importance d’être assidu, en même temps, c’est aussi dans leur intérêt, certains ont du mal à respecter les délais de formation, peuvent être touchés par un imprévu ou encore, peuvent décider de changer de projet. Tout cela fait que lorsque l’on dispense une formation professionnelle en e-learning, on se retrouve à devoir surveiller nos élèves et leur mettre la pression pour rester dans les cases.

Je considère que cette contrainte d’assiduité entrave la liberté des élèves et déshumanise la relation entre le formateur et l’élève.

La comptabilité des organismes de formation

S’il y a un bien un sujet qui m’interroge depuis un moment, c’est la comptabilité des organismes de formation lorsque l’on sous le régime de la micro-entreprise.

En effet, selon l’article L. 6352-6 du Code du Travail :

Les dispensateurs de formation de droit privé sont tenus d’établir chaque année :

• un bilan ;
• un compte de résultat;
• une annexe.

Or, lorsque l’on est sous le régime de la micro-entreprise, on bénéficie d’une comptabilité simplifiée;  Ainsi, si l’on souhaite rester formateur indépendant sous le régime de la micro-entreprise, il faut recourir à un comptable dès lors que notre chiffre d’affaire en formation professionnelle “dès lors que le chiffre d’affaires hors taxes annuel dépasse 15 245 € et quelle que soit le chiffre d’affaires hors taxe annuel de l’activité formation dans le cas d’organismes à activités multiples”. 

NB : activités multiples, s’entend au niveau de l’entreprise, donc si l’entreprise propose également des prestations de service, l’organisme de formation est soumis aux obligations ci-dessous dès le premier euro de chiffre d’affaires.

La disproportionnalité des exigences du référentiel Qualiopi

Enfin, le dernier argument mais pas le moins important, c’est le sentiment de disproportionnalité des exigences du référentiel Qualiopi face pour un formateur indépendant. C’est ce que j’ai ressenti lors de mon audit de surveillance.

J’ai fait le choix de gérer toute seule mon organisme de formation et lors de l’audit, j’ai pris conscience de la charge de travail que cela représentait ; à ce moment-là, je me suis clairement dit, est-ce que ça en vaut vraiment la peine ?

Je n’ai jamais misé sur les prises en charge et cela ne faisait pas partie de mes arguments de vente, alors à quoi bon m’enfermer dans ce système qui, aujourd’hui, m’oppresse.

Cette expérience dans la formation professionnelle a été très enrichissante car j’ai appris énormément de choses. D’ailleurs, même si je ne suis plus formatrice indépendante, je conserve le socle solide que j’ai mis en place, en le simplifiant à mes besoins d’infopreneure libre et je continue d’accompagner les organismes de formation qui souhaitent obtenir, conserver ou renouveler leur certification Qualiopi.

Tu as découvert la réflexion qui m’a conduite à arrêter la formation professionnelle.

Et toi, que penses-tu des évolutions récentes du secteur de la formation professionnelle ? 

Dis-le moi en commentaires.